Histoire

Que veut-dire le mot «norrois»?

C’est à peu près un synonyme de «scandinave». Est norrois tout ce qui est relatif aux pays scandinaves: Danemark, Suède, Norvège, Islande.
Chacun de ces pays parle sa propre langue maintenant mais toutes leurs langues ont une origine commune: le Vieux Norrois. C’est dans cette dernière que sont rédigés de nombreux textes de base: l’Edda de Snorri, l’Edda poétique, la poésie scaldique, de nombreuses sagas.

Qu’est-ce qu’un viking?

Le mot masculin vieux-Norrois víkingr (le i est long : í. Son pluriel est víkingar) est traduit par ‘pirate’ mais il désigne un membre des expéditions qui ont attaqué la Normandie et l’Angleterre au 9ème et 10ème siècles. Il ne prend un sens péjoratif qu’à la fin du 10ème siècle. C’est ainsi que, progressivement, les víkingar ne sont plus ‘nous’, mais ‘les autres’, et commencent à être considérés comme des bandits.

Víking est en revanche un mot féminin (‘une’ víking) qui désigne l’expédition entreprise par des víkingar. Au 9ème et 10ème siècle, un jeune homme courageux se devait de partir en expédition, c’est à dire effectuer une víking avant de s’établir.

Dire en français que les anciens Scandinaves sont des vikings est donc un abus de langage passé dans le vocabulaire courant, les vikings, c’est-à-dire stricto sensu ceux qui participent aux expéditions, n’étant qu’une fraction de la population, un métier en quelque sorte.

Que signifie le mot «drakkar»?

Ironiquement, ce mot n’a pas de sens en Vieux Norrois. Mais il s’agit sans doute d’une déformation de drekar, pluriel de dreki (‘dragon’, qui désigne en effet un gros navire de guerre portant en proue (et/ou en poupe) un dragon sculpté.

«Edda en prose» ou «Edda de Snorri»?

L’Edda de Snorri est faite quatre parties qui sont publiées, sans doute, dans l’ordre inverse de leur composition. Alors dans l’ordre habituel:
la 1: Le Prologus. C’est en prose et c’est une ‘couverture’ pour prendre en compte les croyances chrétiennes – et le pouvoir chrétien – de l’époque.
la 2: Le Gylfaginning. C’est une description en prose (avec citation de quelques poèmes) de ce qu’il faut savoir de la mythologie scandinave pour comprendre les poésies faites du temps du paganisme.
la 3: Le Skálskaparmál, c’est une première version du gylfaginnig moins pédagogique et qui contient beaucoup de poésies et de kenningar.
la 4: Le Háttatal c’est un long poème que Snorri avait composé en honneur du roi de Norvège et d’un ami et allié norvégien. Il commente (en prose, quand même) son poème pour expliquer les règles de prosodie qu’il a utilisées en écrivant ce poème. C’est en fait un « art poétique » scaldique indépendant de la prosodie latine en mode à l’époque (12-13ème siècles).

C’est pourquoi les universitaires ne disent plus « l’Edda en prose » mais « l’Edda de Snorri » car elle contient aussi beaucoup de poésie.
On pense que 3. a été écrit pour illustrer 4, que 2. a été écrit pour compléter 3. et ‘je’ pense que 1. a été écrit pour se couvrir contre les foudres de l’Église.

Quelle était la place de la femme dans la société germanique?

Les femmes jouaient un rôle important dans bien des domaines, qu’ils soient sociaux ou religieux. Petit tour d’horizon des principales sources:
_César et Tacite disent que les Romains préfèrent demander comme otages des jeunes filles, car les Germains les tiennent en plus haute considération que les jeunes hommes.
_Tacite évoque aussi le rôle des femmes au combat, qui est de soutenir le moral des guerriers en les encourageant.
_Il nomme aussi plusieurs prophétesses, qui très souvent sont celles qui encouragent et mènent des rebellions contre Rome (notamment Velléda). D’autres encore sont mentionnés par Dion Cassius, Grégoire de Tours, les Annales de Fulda…
_Au niveau militaire encore, Paul Diacre parle des femmes des Lombards qui se déguisent en hommes pour faire croire que les guerriers sont plus nombreux qu’ils ne sont en réalité.
_Strabon décrit minutieusement une prêtresse cimbre et dit qu’elle s’occupe des sacrifices (humains notamment)
_lorsque Berchta/Holda/Frikka se manifeste au sein de la maison, ses interlocuteurs sont quasiment systématiquement des femmes; les hommes ne sont des acteurs que lorsque l’histoire se déroule à l’extérieur. Cela souligne le rôle de la femme au sein du foyer -> c’est elle qui traite avec les divinités à ce niveau là, et si elle fait mal son travail c’est sur elle que ça retombe (beaucoup d’histoires concernent des femmes qui se retrouvent aux prises avec Holda parce qu’elles ont négligées leur travail domestique et/ou religieux (ce qui est un peu pareil car bâcler son travail de filage/tissage est décrit comme une insulte à Holda).

Pour le Nord:
_une vierge appelé kona Freys accompagne le char de Freyr (saga d’O. Tryggv.)
_mention de gyðja et hofgyðja (féminin de goði) dans plusieurs saga
_dans une saga (Egillssaga) une scène décrit les femmes qui se trouvent près du foyer et prennent soin des idoles (en les enduisant d’huile ou de graisse notamment); là aussi c’est à la femme de veiller à ce que les dieux du foyer soient correctement traités.

Partager sur les réseaux sociaux